Interview de l'abbé Jakes Amestoy

Interview de l'abbé Jakes Amestoy

Monsieur l’abbé Amestoy, pouvez vous vous présenter ? 

Jacques  Amestoy , né en 1933 à Larribar - Sorhapuru ( petit village du canton de Saint Palais), dans une famille chrétienne de paysans très modestes, qui vivait, comme beaucoup, de polyculture… avant que soient installées l’eau courrante et l’éléctricité.

3e de 4 enfants, j’ai été éduqué dans une famille chrétienne, régulièrement pratiquante, qui faisait ensemble la prière du soir, après le souper…

J’ai fréquenté l’école publique de Larribar : elle était à 2km, on y allait à pied, hiver comme été. On y apprenait, entre autres, le français ( en dehors, et dans la vie quotidienne, on parlait le basque!)

J’ai suivi le catéchisme à Lohitzun : à 2km, et l’on s’y rendait à pied, comme le dimanche à la messe et aux vêpres. J’y ai vécu la 1ère communion, la « communion solennelle », pour la confirmation, ce fut à Saint Palais.

J’avais, dès tout jeune ( 8, 9 ans ) saisi qu’il était important d’être chrétien, que Jésus avait donné sa vie pour nous sur la croix, pour sauver le monde.

J’avais été enfant de choeur, à la maison je jouais à imiter la messe.

 

Quand est ce que vous avez pensé à devenir prêtre ?

Je ne m’en souviens pas  ( 10 ans ? 11 ans?)

A la fin de la guerre 39-45  : après la «  communion solennelle » , après le certificat en1946 à 13an1/2, j’ai été inscrit au collège catholique de Mauléon, où j’ai étudié jusqu’en terminale, pour passer le bac, avant ‘d’entrer au grand séminaire de Bayonne de 1952-1959 : 5 années, interrompues par 2 ans de service militaire, en Algérie pendant «  les événements » …

 

Où et quand avez vous été ordonné ?

Le 29 Juin 1959, à la cathédrale de Bayonne.

 

Quelles ont été vos différentes nominations? 

-  Première contrariété : j’avais pensé être nommé en paroisse, une aumônerie de jeunes ( j’avais participé à des activités et des camp de JEC ( jeunesse étudiante chrétienne), pendant les années de collège). le vicaire général de l’époque, m’entreprend en ces termes «  vous avez le BAC, vous allez poursuivre les études », ce que je ne souhaitais pas au fond de moi.

Testant mes intérêts personnels : j’avais apprécié la philosophie, la théologie… « Bof! on n’en a pas besoin! Quelles langues avez vous étudiées au collège? » Sur ma réponse : du latin, du grec et un peu d’anglais , le voilà qui intervient sur ce mot : «  sachez que vous avez mission de préparer une « licence d’anglais! » ( 7 ans que j’avais quitté le collège de Mauléon)

J’ai obéi… et travaillé beaucoup à la FAC de Toulouse

 

-  On a besoin d’un professeur d’anglais à Pau

de 1963 -1969 : 6 ans à l’Immaculé Conception- Beau Frêne de Pau. Un jeune prêtre qui arrive dans un ensemble scolaire d’enseignement secondaire  général et technique, est plus qu’un professeur : on lui confie l’animation de groupes de jeunes, l’animation chrétienne, le contact avec les jeunes générations… d’autant que bientôt, il va y avoir le « remue-méninge » de Mai 68, et la responsabilité d’accompagner ces jeunes dans leurs débats, leurs rencontres et sorties avec les jeunes des autres établissements palois, la rédaction « fiévreuse » des fameux « livres-blancs », en relation avec les délégués des établissements scolaires publics et privés.

 

- 1969-1991 : on a besoin d’un directeur pour le collège Moncade d’Orthez.

Le responsable diocésain de l’enseignement catholique, venu me trouver, pendant les vacances, dans une session biblique oecuménique, n’avait pas obtenu mon adhésion; la perspective ne m’enchantait pas , sans parler de mon manque d’expérience! Il me fait convoquer par l’évêque du diocèse!

Sur consigne impérative de l’évêque, j’ai obéi! Et pendant 22 ans, j’ai assuré ce service : à la fois :

Tout en gardant le contact avec l’enseignement, dans les classes terminales du lycée catholique voisin, à l’appel de la directrice.

Les prêtres de la ville et des paroisses environnantes, ne manquaient pas de faire appel pour une aide, en fin de semaine, sans parler des messes à assurer, pour les communautés religieuses voisines.

 

 

- En 2008 : à 75 ans, « il convient de démissionner, de ses responsabilités pastorales » selon le régiment diocésain. J’ai donc démissionné!

Cependant, le vicaire général de Mgr Molères trouvait qu’il me restait quelques réserves de santé : il me fait nommer comme «  auxiliaire » du curé de Hasparren.

Je viens donc, d’accomplir 12 années supplémentaires, dans cette Paroisse Bx François Dardan.

En 2019, le Seigneur m’avait accordé la joie de célébrer 60 années de services de prêtre dans les divers postes de son Eglise, à travers les péripéties de santé. 

 

Avez vous un moment marquant de votre sacerdoce 

Je n’ai pas actuellement, conscience d’avoir vécu d’événement marquant de mon sacerdoce, que je n’avais « rêvé » et dont j’ai assumé les tâches, honnêtement, à des postes imprévus, comme un paysan, avec mes limites; souvent étonné de réaliser une tâche de façon utile

Cependant, j’ai gardé le souvenir d’une ancienne élève de terminale, qui en 1ere année de bac, s’était laissé séduire par la secte des « enfants de Dieu » : elle avait été entrainée par les théories dévoyées et perverses d’un ancien pasteur ( Moïse David), aux allures « bibliques » fallacieuses; le combat qu’il avait fallu mener, avec une association anti sectes, pour la persuader de quitter la «  famille » qui l’avait trompée, il se trouve que j’étais le prêtre en qui elle avait gardé confiance. J’avais pris la responsabilité avec des documents adaptés, de lui apporter une véritable formation chrétienne ( dont elle fait soif), sur les plans bibliques et théologiques, dans des rencontres, toutes les fins de semaine. Depuis , elle est mariée, avec de grands enfants, elle a retrouvée son équilibre, elle est heureuse ( bien que je ne l’ai pas revue depuis plusieurs années)

 

Que dire à un jeune qui se pose la question de la vocation?

Je me réjouis d’entendre un jeune se poser la question de la « vocation sacerdotale ».

Cependant les temps et les gens ont changé depuis l’époque de ma jeunesse , et les jeunes générations ont besoin de nouveaux et jeunes témoins de Jésus Christ et de sa Parole : «  à vin nouveau, outre neuve »

Et si je suis plutôt embarrassé pour lui dire comment lire et vivre l’Evangile aujourd’hui, dans la vie sociale, l’économie, la politique… il est plus éveillé et instruit, dans tous les domaines de la vie moderne en particulier, les moyens de communication modernes à utiliser par l’Eglise.

Mais ce qui reste fondamental et indispensable, c’est la Foi en Jésus Christ, qui mérite qu’on engage toute une vie humaine sur Lui et son Eglise : c’est Dieu qui sauve en Jésus Christ

 

Avez vous une prière que vous voudriez bien nous partager? 

 - Notre Père qui nous relie fraternellement

 - « Ecce Venio» ( me Voici)! j’accompagne du signe de la Croix, dont on marque son corps chaque matin au réveil, demandant à Dieu de bénir la journée.

 - Invocation à l’Esprit Saint : avant chaque activité