A l’ombre du vieux noyer, l’arbre du cimetière

A l’ombre du vieux noyer, l’arbre du cimetière

 A l’ombre du vieux noyer, l’arbre du cimetière Mon ami, l’arbre du cimetière, m’a fait des confidences.

 A mon ombre s’arrêtent parfois des voyageurs fatigués du chemin.

Lui, jour et nuit, il parle aux morts. Il y en a qui n’acceptent pas leur sort,

il faut les apaiser et leur apprendre à vivre mort.  Il y en a qui s’endorment, il faut les réveiller et leur expliquer ce qu’ils ont à faire, là.                               

C’est avec ses racines qu’il leur parle, qu’il les caresse, qu’il les apaise ou les encourage.

Il les enroule dans cet élan de vie qui les arrache à la terre pour respirer à pleins poumons la brise des saisons. Moi, je perds mes feuilles à l’automne. Lui, il n’a pas le droit au repos et il reste vert quelle que soit la saison.

Pas de vacances pour le gardien du repos éternel ! 

On pourrait croire que les morts s’effacent doucement dans la poussière. Pas du tout !

 Ils partent en voyage dans les branches des arbres généalogiques.

Ils chantent dans le vent des bruissements de feuilles. Ils racontent hier aux enfants de demain. 

Mon copain m’a dit qu’il avait appris son métier auprès d’un vieux tronc sur lequel un innocent avait été  crucifié.

   

 Mgr Jacques Noyer