-800 millions d’êtres humains ne mangent pas à leur faim. Ce nombre semble incompressible. Il représente d’année en année une proportion moins grande de la population mondiale puisque celle-ci s’accroît mais il reste considérable. Nous ne pouvons pas, lorsque nous nous nourrissons, oublier ces frères et ces sœurs qui manquent ; nous ne pouvons pas les oublier non plus lorsque nous réfléchissons, surtout si nous avons quelques responsabilités ou pouvoirs d’agir, à l’organisation de l’agriculture ou des agricultures et du commerce à travers le monde ;
-un tiers du gaspillage de nourriture se fait à la maison. Nous ne pouvons non plus oublier ce chiffre lorsque nous cuisinons ou lorsque nous partageons un repas, lorsque nous faisons nos courses ou lorsque nous pensons à ceux et celles avec qui nous déjeunons ou dînons ;
-nous devrions travailler le sens de la bénédiction du repas. Car tout repas est une anticipation du repas éternel. Nous devons apprendre à goûter le bonheur de nous nourrir à notre faim, c’est-à-dire de pouvoir expérimenter la bonté du cosmos qui nous entoure. La saveur de chaque aliment, même le plus banal, exprime quelque chose de cette bonté, c’est pourquoi il est navrant de nous laisser aller à tout réduire au goût du sucre et de la sauce tomate. Tout repas est une promesse de communion entre les humains ; tout le cosmos : le soleil, la pluie, l’air, la terre, le vent, les végétaux, les animaux et tant d’êtres humains ont œuvré pour permettre aux quelques-uns réunis autour d’une table ou à celui ou celle qui déjeune seul de recevoir ce qu’il faut pour refaire ses forces et vivre davantage. Comment ne pas en être rempli de gratitude et ne pas se sentir appelé à servir à son tour à plus de vie pour les autres ?
Mgr Éric de Moulins-Beaufort,
Discours de clôture de l’Assemblée plénière tenue par visio-conférences du lundi 2 au dimanche 8 novembre 2020