Le monde d’après...
Que n’a-t-on pas dit au cours de 1er confinement. La longue expérience de ce temps si particulier et inédit pour la plupart a permis à beaucoup d’avoir du temps pour réfléchir sur la vie familiale, sur la qualité des relations, sur la place du travail et l’investissement professionnel, sur la nécessité des loisirs et l’importance de la liberté. En un mot, sur le sens de notre vie.
Il était clair pour tout le monde que, désormais, nous devions changer de paramètre pour envisager le bonheur. Il n’était plus dans la course ou la frénésie de la consommation, mais dans les choses simples, quotidiennes, dans tout ce que l’on avait partagé ensemble. On le découvrait aussi, à travers la générosité et la disponibilité des équipes soignantes des hôpitaux, et de toutes les professions souvent discrètes et sans lesquelles notre vie serait impossible : transporteurs routiers, commerçants, caissières, manutentionnaires, agents de sécurité etc... Et à partir de ces constats, on envisageait la vie autrement. Le monde d’après la Covid serait vraiment différent. Quelque chose avait changé dans la façon de se regarder, de regarder le monde et les autres.
Que la liberté retrouvée est belle, avons-nous dit à la fin du 1er confinement ! Et avec elle, les habitudes sont revenues au galop ! Au point d’oublier que le virus circulait encore tout aussi sournoisement qu’auparavant.
Mais pire, on a carrément oublié les rêves du monde d’après que l’on avait imaginé si différent ! A tel point même qu’un second confinement nous a été imposé, un peu plus léger certes que le premier, mais avec des restrictions quand même. Et nous voici en cette fin d’année en cours de nouvelle ‘libération’. Mis à part les bars et restaurants, cinémas et théâtres, stades et musées, pour la plupart, la vie reprend ses droits, même s’ils sont légèrement restreints : Nos églises ne pourront pas accueillir les foules habituées de Noël, puisque les places y sont encore limitées. Nos maisons ne pourront pas accueillir tous les enfants et leur famille et le réveillon du nouvel an sera soumis au couvre-feu. Tel est, pour le moment, le monde d’après que l’on croyait bien plus beau que celui d’avant ! Et pourtant, on a raison d’y croire et de l’imaginer possible.
Mais sommes-nous prêts à tout faire pour qu’il advienne ? Sommes-nous prêts à changer vraiment notre façon de gérer notre liberté, à consommer sans gaspiller, à n’acheter que le nécessaire, à ne jeter que l’inutilisable après l’avoir soigneusement trié... Sommes-nous prêts aider et soutenir ceux qui n’ont pas la même chance que nous, ceux pour qui le confinement dure toute la vie parce qu’ils ont honte de leur situation ou peur du regard des autres, parce qu’ils sont en échec et en souffrance ?
Noël nous rappelle que sur notre terre il y a eu un avant et un après. Avant Jésus-Christ et après Jésus-Christ. L’enfant qui est né dans la crèche discrète et pauvre de Bethléem a déclenché l’avant et l’après de notre histoire.
Alors qu’est-ce qu’il a changé ?
Depuis, l’humanité sait avec certitude que Dieu est présent dans notre monde et dans notre histoire, au cœur de toute créature et de tout événement. L’homme sait qu’il n’est pas un ovni errant ni perdu dans l’univers parce que sa vie a un sens au milieu des autres, parce que sa vie est utile et précieuse pour tous. Tout homme est aimé de Dieu, visage de Dieu, resplendissant de sa dignité et de sa grandeur, le faible tout autant que le fort, le pauvre tout autant que le riche, le malade tout autant que le bien portant, le vieux tout autant que le jeune...
Ce n’est pas pour le monde d’après, ni pour celui d’avant qu’en Jésus, Dieu s’est rendu présent à chacun... C’est pour AUJOURD’HUI !
Alors demandons-lui simplement qu’il nous aide à le reconnaître chaque jour, partageant nos inquiétudes et nos progrès, nos misères et notre bonheur.
Heureuse avancée vers Noël !
p. Dominique Errecart, curé