Sur quelles valeurs fonder le monde d'Après ? CCFD

Sur quelles valeurs fonder le monde d'Après ? CCFD

Aujourd’hui, tous s’accordent à dire qu’il y aura un avant et un après le coronavirus Covid-19. Mais cet après, quel sera-t-il ? 
Un retour à l’avant ou un saut dans l’inconnu, une entrée dans un autre monde réellement et profondément renouvelé ? De tous côtés les discours vont bon train pour faire des propositions. 
Ne faudrait-il pas pourtant commencer par s’interroger sur les valeurs sur lesquelles nous souhaitons fonder ce renouvellement ?

La pandémie générée par le coronavirus Covid-19 n’est pas le fruit du hasard, mais de ce que l’homme a fait de la planète et des relations qu’il a tissées avec elle et avec ses semblables.

Elle nous amène à nous interroger sur notre productivisme, sur notre exploitation des ressources naturelles, sur la protection de l’environnement et de la biodiversité, sur nos modes de consommation, sur la gestion et le partage des biens communs.

Elle nous interpelle sur le sens que nous donnons au bien commun, sur le mode de coopération internationale qui peut construire des solidarités.

C’est à ce questionnement que le CCFD-Terre Solidaire, dont je suis aujourd’hui la présidente, souhaite contribuer en s’appuyant sur son histoire et son expérience.

En effet depuis son origine, le CCFD-Terre Solidaire a trouvé ses valeurs et ses principes dans la foi chrétienne et la pensée sociale de l’Eglise.

De l’encyclique Populorum Progressio qui promeut le développement de tout l’homme et de tous les hommes jusqu’à l’encyclique Laudato Si’ qui invite à une conversion écologique englobant de manière systémique le développement de l’homme, la relation à la terre, aux autres et à Dieu, l’appel est le même : « écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres » et mettre en œuvre « une approche intégrale pour combattre la pauvreté, rendre la dignité aux exclus et simultanément, préserver la nature ».

Cette approche de Laudato Si’ a eu une audience bien au-delà de la sphère catholique car ses principes sont partagés par beaucoup qui ne nous rejoignent pas forcément dans notre Foi et avec qui nous sommes en fraternité.
 

Ils dessinent le socle d’un monde qui rejette la violation des droits humainsl’impasse de nos modèles agricoles et alimentaires actuels, la destruction des écosystèmes, le consumérisme, la financiarisation de l’économie, l’injustice fiscalel’impunité organisée des acteurs économiques les plus puissants, toutes discriminations.

Or, avec ses partenaires des pays en développement, le CCFD-Terre Solidaire expérimente depuis bientôt 60 ans différentes alternatives qui disent l’importance des valeurs qui fondent son engagement au service des plus vulnérables. 

Ce sont ces mêmes valeurs qui doivent à l’avenir fonder toute construction politique, économique, sociale, écologique car elles ont montré leur efficacité. 
Elles ont permis à des milliers de femmes et d’hommes de prendre leur destin en mains, d’assurer leur autonomie alimentaire, de se former, de défendre leurs droits, d’imaginer des modes de développement qui préservent la nature et l’environnement dans le respect de leurs cultures.

De son expérience et de celle de ses partenaires, le CCFD-Terre Solidaire a tiré des principes essentiels pour répondre à la crise actuelle et fonder le monde de demain. 
Bien plus que de se précipiter pour imaginer un ou des modèles à venir, il est urgent que citoyens et États se fédèrent autour de valeurs communes. 

En voici quelques-unes qui semblent incontournables :

  1. Travailler pour la justice au nom de la dignité de tout être humain car il ne peut y avoir de dignité sans justice ni de justice sans dignité.
  2. Retrouver l’harmonie entre l’humanité et la nature pour que l’humanité cesse de se considérer comme propriétaire de la nature et en devienne la gardienne pour les générations futures.
  3. Donner la priorité aux plus pauvres parce qu’ils sont les premiers à souffrir des crises, des guerres et du réchauffement climatique, et les accompagner pour leur permettre de devenir acteurs dans la société.
  4. Reconnaître la destination universelle des biens pour œuvrer au bien commun car la gestion des ressources naturelles doit être partagée et permettre le développement intégral de tous les êtres humains tout en préservant la nature.
  5. Défendre le respect des droits humains pour assurer la protection de la dignité de la personne humaine et mettre les ressources naturelles, la science, les techniques et l’économie aux service des besoins fondamentaux de l’humanité.
  6. Favoriser la participation, l’engagement et l’organisation des citoyens pour qu’ils soient des acteurs de transformation sociale en vue de la construction d’un monde plus juste et plus solidaire.
  7. Faire vivre à tout niveau la subsidiarité et laisser toute son autonomie à la société civile pour qu’elle puisse se prendre en charge, développer ses capacités créatrices et contribuer ainsi au bien commun.

Ce sont ces valeurs qui ont permis au CCFD-Terre Solidaire et à ses partenaires de développer des modèles qui s’appuient sur une solidarité internationale et sur une vision systémique du développement.

C’est pourquoi le CCFD-Terre Solidaire, fort des valeurs qu’il a éprouvées et qui le guident, lance un appel à tous les hommes et les femmes de bonne volonté : 

Pour que le temps d’après ne soit pas celui de l’indifférence, des égoïsmes, des divisions, de l’oubli, mais celui de l’espérance et de la confiance, faisons ensemble le choix de la solidarité internationale, qui unit et mutualise les forces de chacun.e au service de tous, et de l’écologie intégrale, qui lie approches économique, écologique, sociale, et justice dans le respect des cultures.

Sylvie Bukhari-de Pontual
Présidente du CCFD-Terre Solidaire