Regarder les autres comme des frères et sœurs pour sauver le monde

Regarder les autres comme des frères et sœurs pour sauver le monde

Il y a cinq ans, le Pape François publiait l’encyclique Laudato si’ en mettant en évidence les connexions qui existent entre crise environnementale, crise sociale, guerres, migrations et pauvreté. Et il indiquait un objectif à atteindre : celui d’un système économique et social plus juste et respectueux de la création, qui ait au centre l’homme gardien de la mère terre et non pas l’argent élevé au rang de divinité absolue. Aujourd’hui, avec la nouvelle encyclique sociale Fratelli tutti, le Successeur de Pierre montre la voie concrète pour arriver à cet objectif : se reconnaître frères et sœurs, frères parce que fils, gardiens les uns des autres, tous sur la même barque, comme la pandémie l’a rendu encore plus évident. La voie pour ne pas succomber à la tentation de l’homo homini lupus (l’homme est un loup pour l’homme)., des nouveaux murs, de l’isolement, et regarder au contraire l’icône évangélique du Bon Samaritain, si actuel et éloigné des schéma 

 

... Le message de Fratelli tutti concerne chacun d'entre nous. Et il contient également des pages éclairantes sur l'engagement social et politique. Il peut sembler paradoxal que ce soit l'évêque de Rome, voix dans le désert, qui relance aujourd'hui le projet de la bonne politique. Une politique capable de reprendre son propre rôle, trop longtemps confié à la finance et à la fable des marchés qui produiraient du bien-être pour tous sans avoir besoin d'être gouvernés. Un chapitre entier est consacré à l'action politique vécue comme un service et un témoignage de charité, qui se nourrit de grands idéaux et de projets pour demain en pensant non pas au petit gain électoral mais au bien commun et surtout à l'avenir des nouvelles générations. 

 

... Parmi les pages les plus puissantes de l'encyclique figurent celles consacrées à la condamnation de la guerre et au rejet de la peine de mort. Dans le sillage de l’encyclique de Jean XXIII Pacem in Terris, partant d'un regard réaliste sur les résultats catastrophiques que tant de conflits de ces dernières décennies ont eu pour la vie de millions d'innocents, le Pape rappelle qu'il est aujourd'hui très difficile de maintenir les critères rationnels mûris au cours des autres siècles pour parler d'une éventuelle «guerre juste». Tout comme le recours à la peine capitale, qui doit être abolie dans le monde entier, est injustifié et inadmissible. 

Il est vrai, comme le souligne le Pape, que «dans le monde d'aujourd'hui, les sentiments d'appartenance à une même humanité s'affaiblissent, tandis que le rêve de construire ensemble la justice et la paix semble une utopie d'un autre temps». Mais il est nécessaire de revenir au rêve et surtout de réaliser ce rêve ensemble. Avant qu'il ne soit trop tard. 

Andrea Tornielli