Indigeste !

Indigeste !

Indigeste !

C’est vrai, j’ai du mal à digérer les chiffres énormes que le rapport de la CIASE a révélés mardi dernier, lors de la remise du document sur les abus sexuels commis par des membres de l’Eglise depuis 1950. 

Les chiffres tellement énormes sont à peine croyables, mais derrière cette énormité se cachent des personnes aux vies brisées. 

- Les victimes tout d’abord, au delà de 300 000 ... Effarant... J’ai du mal à imaginer le calvaire que ces enfants ont vécu d’abord à l’époque des faits criminels, et aussi pour la plupart tout au long de leur vie. Les témoignages que nous entendons le montrent bien hélas : plaies béantes, cicatrices saignantes encore et toujours... des vies foutues ! Aucun rapport aussi sérieux soit-il, aucune parole aussi réconfortante soit-elle, aucune somme d’argent aussi conséquente soit-elle ne pourront réparer le mal qui leur a été fait. Innocents, ils vivent l’enfer encore et toujours.

- Les coupables criminels d’autant moins excusables qu’aux yeux des enfants et de leurs familles, ils offraient, par leur statut de prêtre, de religieux ou de religieuse, les garanties de confiance et de  moralité. Il n’en était rien ! Comme le disait Jean Marie Sauvé, responsable de la commission, ils se sont servis de leur fonction sacrée pour ‘tourner en dérision le nom de Dieu’. Y a-t-il mensonge plus grand, acte plus lâche, trahison plus coupable ? 

Hélas, l’institution Eglise dans laquelle ils œuvraient les a couverts et protégés par peur de transparence et par souci de préserver son aura et sa crédibilité dans une société où elle se sentait en force. Il est vrai aussi qu’on ne parlait pas de ces choses-là en famille ou à l’école. Nulle part ni à personne. L’enfant devait se taire et garder pour lui la honte dont il était devenu l’otage. Peu à peu, la chape de silence s’est fissurée. Mardi, elle a explosé montrant l’envergure immense des abus de celles et ceux qui se croyaient tout permis au nom de leur fonction sacrée: Ils se croyaient intouchables alors qu’ils servaient le mal dans sa puissance destructrice.

Les faits sont là, difficiles a digérer, montrant aussi les fragilités et le péché de toute institution humaine, fut-elle entre les mains des religieux.  

On a ouvert enfin et pour de vrai les portes de cet enfer. Quitte à ce que la confiance de nombreux fidèles, plus ou moins proches de l’Eglise, soit ébranlée, mise à rude épreuve, d’autres verront là, une raison supplémentaire pour continuer de marcher plus fermement à la suite du Christ, sur le chemin de son Evangile qui ne cesse de l’appeler à la purification et à la conversion. 

A l’heure où le pape François convoque l’Eglise universelle pour un synode, l’Esprit saint nous invite à construire une maison toujours plus sûre en essayant de déblayer ensemble les décombres d’un passé qui n’a fait que trop gros dégâts. Pour que cela n’advienne jamais plus !

p. Dominique Errecart, curé