Billet d'humeur

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Le père Jean LANDARRETCHE - (1928-2006)

La dernière fois, en parlant de Baudonne où était passé Txomin Heguy, j'ai cité comme anciens missionnaires de Hasparren, Albert Partarieu, Xalbat Marcarie et Mgr Michel Cartateguy. J'en ai oubié deux : François Amespil toujours vivant à Anglet, et Jean Landarretche d'Eiheraldia à Mendionde, Celui-ci étant mort depuis 2006, voici un résumé de sa vie.... 

 

Jean Landarretche est né le 3 octobre 1928 . Il fait ses études secondaires à Baudonne, puis à Nantes où il avait la réputation d'un bon arrière de football. Après son noviciat en Belgique, il rejoint le grand séminaire de Lyon. C'est là qu'il est ordonné prêtre le 12 février 1954. Je me rappelle de sa première messe où j'arrivai en retard "car elle est longue longue la route d'Hélette' dit la chanson; Et je n'avais qu'une vieille bécane. C'est avec lui et d'autres Baudonnais que j'avais fait mon premier pélerinage à Lourdes en 1943. Tout cela me rajeunit....

Dès son ordination il est nommé en Côte d’Ivoire. Pendant cinq ans, il sera professeur au petit séminaire de Bingerville que j'ai également connu. Cette première expérience le marquera beaucoup. En 1956, il écrit : Notre souci est de préparer un clergé à la hauteur du sacerdoce, compétent, digne, zélé et pieux ; l’Église de Côte d’Ivoire sera ce que nous la ferons dans ses prêtres : il leur faudra beaucoup de jugement, de vertu et d’esprit d’Église pour faire face aux difficultés qui, un jour ou l’autre, remueront la Côte d’Ivoire.

En 1959, il est nommé vicaire à Treicheville dans la banlieue d'Abidjan. Puis il va changer de poste plusieurs fois : Il avait des problèmes occulaires depuis sa jeunesse et le soleil africain ne leur fit pas de bien. Il dut rentrer en France où il a passé 5 ans,professeur à Nantes puis supérieur à Baudonne . Il va ensuite reessayer deux fois la Côte d'Ivoire, mais dut y renoncer .

En 1969, il va travailler en paroisse près de Bordeaux et à Seignosse dans les Landes. Après les communautés aussi vivantes que minoritaires de Côte d'Ivoire ." Dans ma brousse girondine, écrit-il, c’est un travail de patience et d’espérance dans la foi, face à l’indifférence massive de nos gens enfoncés dans un tourbillon de matérialisme."

Têtu comme un Basque, il va tenter une dernière chance en 1992 après une opération à coeur ouvert. Il se mettra à l'ombre, au secrétariat de l'évêché d'Abengourou; Abengourou où avait ete ordonné un autre Haspandar, François Amespil, toujours vivant à Anglet.
C’est pendant cette période à Abengourou qu'il a été le plus heureux : "Je me consacre, écrit-il, aux prisonniers de la maison d’arrêt ; ils sont 30 ou 40 à se réunir avec moi : baptisés, catéchumènes ou musulmans. Ils ont faim de Dieu. Mais que de misère ! C’est grand pitié de les voir affamés ! Avec la Caritas, nous essayons d’adoucir leurs souffrances : nourriture, médicaments, vêtements. Je côtoie bien des drames d’injustice et tente de faire libérer des mineurs de moins de 18 ans grâce à un juge humain. Jusqu’à présent, huit d’entre eux ont pu sortir. Un peu plus tard, il ajoute : En septembre, un jeune Burkinabé a pu être libéré. Embauché par une riche propriétaire, il fut accusé d’avoir volé une grosse somme. Verdict du juge : innocence. La femme lui devait 800FF. Elle s’obstinait dans le refus. Je suis allé chez elle. Je me fis insulter. Il a fallu près de cinq mois de ténacité pour amener cette exploiteuse à acquitter sa dette sur menace du juge." Dans une autre lettre, il se demande comment aider cet autre jeune, victime d'une croyance absurde. Son frère, armé de gris-gris et enduit de poudre, se disait invulnérable et, lui tendant un fusil, l’incita à tirer. Il le fit et tua net son frère.!

En 1998, il rentre définitivement en France. pour mourir le 14 décembre 2006. Jean nous a laissé un testament spirituel dont voici le dernier paragraphe : J’offre, en une dernière Eucharistie, ma vie et ma Pâque à notre Sauveur et Rédempteur, dans une fidélité inébranlable et dans la confiance pascale, pour nos missions d’Afrique, pour la sainte Église, pour ma Société des Missions Africaines, pour tous les miens, me confiant à leurs prières comme à la bonté et à la miséricorde infinies de Jésus et de Marie, en qui j’ai vécu, espéré et reposé.

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